Les Papognons du Paradis

Publié le par Captain Ben

Les Papognons du Paradis

 

           Il est un monde dont chaque être humain a un jour soit pensé, imaginé ou encore rêvé. Qui ne s’est pas dit que, ben que ce serait une bonne idée de planter une pièce de monnaie (une forte hein, pas une toute petite en cuivre) pour qu’en jaillisse un arbre magique produisant le fruit en permanence ET de façon exponentielle ?

Ce qui va suivre est une histoire, ou plutôt une nouvelle de cet univers-là.

Nous sommes sur une bille de pierre dans les tons bleus et brun de taille modeste en rotation autour d’un soleil flémard dans un bout de la galaxie, a une extrémité imprécise de l’univers, et cette bille se fait appeler La Terre. A sa surface vivent en bordel organisé des Homo Sapiens « évolués »descendant du singe qui tentent du moins mal possible d’arranger le monde, pour que chacun y trouve, plus ou moins, son compte. Au lecteur qui suit ces lignes des yeux, la ressemblance avec un monde connu peut paraître absurde, ce pourquoi laissez à l’histoire le temps de démarrer, merci et bonne lecture.

L’idée fulgura dans le cerveau embrumé de vapeurs THCétique d’un jeune homme, allongé sur un canapé défoncé en regardant les étoiles, qui allait changer l’ordre des choses.

-Pfffiouuu, y’en a marre de travailler, soupira-t-il en même temps que la fumée grise, pourquoi l’argent, et ben pourquoi ça pousse pas tout seul d’abord ? Un truc comme les pâquerettes qu’on a qu’à se pencher pour en avoir tout plein…

Là, cher lecteur, il faut imaginer qu’une pieuvre mutante armée de 18 tentacules fait un roulement de tambour sur une batterie, qu’au même moment des oiseaux bleu faisant cui-cui tournoient en cercles dans les airs tandis que dans un cône de lumière rose bonbon à paillettes, descend un autocuiseur à riz dernier modèle, celui qui cuit à la vapeur, fait le pain, passe l’éponge sur la table et chante une berceuse le soir. Le jeune homme reste coi, tire une autre latte et regarde l’objet roulé d’un air interrogateur, et comme tout lui semble normal, reporte son attention sur l’engin volant en train de scanner le gazon avec un petit laser bleu qui crépite quand un moustique passe devant. L’autocuiseur se pose, et le couvercle s’ouvre, non pas avec force bruitage de vérins, de pistons et de rouages mécanique, mais d’un PLOC quand la sécurité est désactivée, et que la pressurisation s’annule. L’air est immobile, rien ne bouge sauf un filet de fumée bleue et âcre, et des formes étranges sortent en volant, tirant derrière elles un rouleau qu’elles déposent sur les genoux de l’humain sans aucune autre forme de cérémonie.

-Vain dieu c’est du délire ? S’exclame-t-il devant les créatures de petites tailles qui vont voler en tapant contre la vitre, attirées par la lumière faible qui vient de l’intérieur.

Ce rouleau explique :

<<Amis Terriens, Bonsoir !

Nous osons juger sans aucune ni hautaine manière que cette arrivée a pu provoquer chez vous la plus vive surprise, aussi, détendez-vous ! Nous sommes des financetiques du satellite Titan de votre même système solaire et, ne le prenez pas mal mais nous avons quelques avancées technologiques de la plus haute importance qui nous ont été envoyées par les Kyriamentains de Alpha du Centaur, m’enfin bref. Et que nous souhaitons partager avec votre éminence sans plus tarder ! Tout cela pour vous dire que nos laboratoires financeutiques ont mis au point, OUI OUI, spé-cia-le-ment pour vous, cette lotion à usage unique, alors faites le bon choix ! Lisez attentivement la notice, et fissa l’avarice, ah ha !

Ps : Les créatures sorties à tire d’aile du vaisseau transporteur sont des Papognonnes encore vierge de toute valeur (ailes blanches), gardez-les TRES précieusement dans un jardin clôt avec, ne cherchez pas pourquoi, une coupelle de jus de patate, un morceau de 237g de Beaufort d’été ET des boulons en inox taille 8/3, en plus de fleurs et de tout le tsouin-tsouin habituel dont, je suis sûr, vous avez grandement l’habitude.

Votre délégué des ressources inhumaines dans le bras Est, section Z/y°3-x, Galaxie Voie Lactée, vous souhaite une bonne et remarquable nuit,

Cr Bicycloheptène ISOCINCHOMENORATE >>

-Eh ben, sont à donf les mecs. Des Papognonnes, nan mais c’est du délire, m’enfin.

L’homme se lève, le dépose dans le cendrier et va se munir de la passoire verte à motif floral ainsi qu’une bonne vieille poêle cabossée qui accroche et qui pour d’obscure raisons, s’accroche à la vie de toute la force de son revêtement gratouillé non pas rejoindre ses consœurs au fond de la poubelle. Surement un organisme défenseur occulte là-dessous, nous y reviendrons à un autre moment.

-Kikikiki, par ici les gentilles bebêtes à son papounet, allez venez, voilà attention aux zèzailes et hopela en route, je vais vous trouver un bon petit coin jusqu’à demain matin. J’ai de la patate, pas de Beaufort mais de la Tomme du Jura et des punaises multicolore, ça fera l’affaire pour ce soir.

L’homme referme la porte du cagibi, qui ne ferme pas, ah ! c’est à cause de cette chaussette célibataire et trouée qui, comme la poêle tient à l’existence plus que tout et semble particulièrement douée dans l’art du détournement d’attention afin de continuer à mener une petite vie bien remplie entre trainer sous la commode parmi les éléphants de poussière, la machine à laver lors du nettoyage printanier ET trainer au sol là où la shoot les pieds, terminant immanquablement sa course contre la plinthe sous la commode trop basse pour y passer les doigts et assez haute pour accueillir l’ensemble de la Création de petite taille, dont je passe l’interminable liste (rognures d’ongles, cheveux, pince à linge, élastiques, trombones etc…) dans la sereine et placide obscurité où rien ne dérange ce petit monde. Sauf le grand ménage printanier. Bref. L’homme ressort et envoi la chaussette glisser sur le lino sous la table basse avant qu’elle ne s’arrête à la lisière du meuble TV (autre endroit stratégique partagé avec briquets et capsules de bières), et va voir l’autocuiseur. De près, l’appareil est chromé et une bandelette de carrés jaune et noir en damier l’entour au-dessus des pieds, et sur les deux poignées se trouvent des ailerons, le tout lui donnant un air de puissance et de vitesse inouïe, chose dure à croire en contemplant le vaisseau aussi aérodynamique qu’un bon gros parpaing. L’homme soulève le couvercle et trouve une unique boite en bois avec intérieur molletonné vert bouteille renfermant une minuscule fiole et sa notice. Il la déroule et lit :

<< Lotion de Fulgurance Monnaitique. Dans un récipient de petite taille, placer une pièce de monnaie recto en l’air (le ou les chiffres), y verser la Lotion. Laisser agir 2min, bien sécher et planter en terre. Votre pièce de monnaie va donner un arbre, le Frhîque, et lors de l’ouverture de la première fleur, un Papognon mâle de la monnaie plantée sortira et pourra féconder les Papognonnes avant de mourir. Divers insectes et animaux naitrons (ou à cause) de l’arbre, ne prenez pas peur, c’est normal et personne n’y fera attention, aussi gardez l’esprit serein. Les Papognonnes vont ensuite butiner les fleurs et mettre au monde une fois par mois des enfants avant de mourir. Faites les pondre dans un endroit clôt pour ramasser les billets avec plus de facilité, quant aux jeunes Papognons et Papognonnes qui en sortiront, comme l’animal que vous appelez Poule, ils rentreront d’eux même dans l’endroit mis à leur disposition, ainsi votre éco-système s’auto financera, haha ! Nous vous souhaitons une longue et heureuse prospérité, dès à présent vous n’aurai plus à bosser ! Prévoir de l’espace pour le bon développement de l’arbre, merci d’utiliser notre Lotion de Fulgurance Monnaitique, salut et bonne journée >>.

-Ma foi, soit je suis en train de rêver, ou alors cette herbe est ultra zarb, mais c’est cool. Aloreuuh un récipient, mmm, bon alors une pièce de 2euros, est-ce que j’en ai une qui traineuuu mmmnon pas là, ni là…euh…Ah ben ouais chuis con, dans le porte-feuille eeet…bingo ! Un récipient, y précisent pas comment, bon ben un bouchon en plastique ça devrait le faire, tient ben ça rentre dans celui du jus de fruit.

Le jeune homme vaque à ses nouvelles occupations avec soin, puis sort au milieu du jardin y planter sa pièce, « j’dois avoir l’air fin moi à planter ma pièce tient » qu’il pense, avant de retourner s’affaler sur son canapé pour Le terminer. Le lendemain matin voit émerger notre bipède en caleçon avec la trace de l’oreiller imprimée sur la joue, les cheveux en bataille et un air incroyablement ahuri : au milieu du jardin se tient un arbre de sa taille aux feuilles ronde et dorées avec un fin liseré argenté sur le pourtour, des branches grises et lisse légèrement ondulée qui se plient délicatement sous la caresse du vent.

-… ! S’exclame-t-il.

Notre humain se frotte les yeux, se pince et va même jusqu’à se gifler, mais non l’arbre est bien là. Il sort le voir de plus près et constate qu’il s’agit bien d’un Frhîque, car il trouve se pièce ouverte en deux moitiés dans la longueur de chaque côté du tronc vigoureux, comme une graine de courge. Et sur ses branchettes, des fleurs, ou plutôt des bourgeons n’attendant que les premiers rayons de soleil pour s’ouvrir.

-Bon, j’ai besoin d’une tasse de thé.

Il boit sa tasse fumante, dans le canapé défoncé, au-dessus de lui le nid d’abeille collé à la gouttière est encore silencieux, seul un merle chantonne perché sur l’antenne TV. Et 27min 34s 71c plus tard, le soleil émerge de derrière la colline et pose délicatement sur le bourgeon le plus haut sa douce lumière. Le bourgeon frémit imperceptiblement, et ouvre majestueusement ses pétales dorés. Au centre, encore tout recroquevillé avec les ailes froissées, un Papognon aux ailes bleues. Le jeune homme sort alors précautionneusement les Papognonnes vierge qui volettent autour de l’arbre avant de se poser au soleil sur les feuilles scintillantes de rosée, et attend. Pas longtemps ceci dit, l’instinct de reproduction sûrement, ou bien les hormones, en tout cas le Papognon se révèle rapidement d’une valeur de 20euros avec les antennes en forme de E, ce qui fait rire l’humain.

-Oh ben ça comme surprise, c’est oufissime !! Nan mais j’rêve ! » CLAK il se gifle à nouveau. « Aïe, nan je ne rêve pas ».

La Papognon, imperturbable et ne prêtant pas la moindre attention à autre chose qu’aux splendides demoiselles que voici, déploie ses ailes qui froufroutent dans la brise matinale. Le ballet aérien est stupéfiant, le mâle arrivant sans peine à remplir son devoir avant de venir, battant mollement des ailes, mourir avec un air béat dans la main ouverte du jeune homme. Le petit corps noir se désintègre, et ne subsiste qu’un billet de 20euros flambant neuf.

-Rooh la vache, ça marche !!!Ohlalala de nom d’une pipe de nom d’une pipe, aujourd’hui j’vais pas bosser ! Promis les filles je m’occupe de vous avec soin ! Ah ouais mais merde, j’ai plus une thune…ah mais attend, l’arbre va bientôt en faire un peu nan ? Bon les filles vous rentrez avec moi au chaud dans le cagibi le temps d’une tasse de thé et de faire les courses.

Il enferme délicatement les Papognonnes entre sa passoire et sa poêle, dit bonjour aux abeilles qui se sont réveillées, puis l’eau de la bouilloire étant encore bouillante, il ressort. Le soleil inonde désormais tout l’arbre dont les bourgeons s’ouvrent, révélant chacun une pièce de 2euros toute neuve, réplique de la pièce originelle, baptisée pièce mère dans le jargon.

-Ah ben ça dis-donc c’est vraiment parfait, mais je peux les prendre quand pour pas t’abimer ? Demande-t-il autant à l’arbre qu’à lui-même.

Et en guise de réponse, une pièce tombe dans le gazon, suivie d’une autre et ainsi de suite durant une longue minute.

-Putain j’adhère directos !! Ah mais c’est juste trop bon comme truc ! Allez, direction les courses !! 48euros, pas mal la première matinée, et en plus ça fait quoi ça mmm au smic à euh disons 9 pour faire rond, ça donne…ouais 5,5h environ. Ah ben nikel, moi qui avait une journée de 6h, je suis gagnant en restant à la maison.

Le jeune homme, d’une humeur tellement bonne qu’il en devient agaçant à fredonner et siffloter, fonce à Casto acheter :

-De la moustiquaire

-Des chevrons de bois pour faire une structure de cage aux papillons, un papillonier ou plutôt un papognonier.

-Des boulons inox 8/3

-Du terreau, pots et jardinières de taille diverses

Ensuite il achète des fleurs d’intérieur et un morceau de Beaufort d’été de 250g, mais demande au fromager de couper des petits bouts jusqu’au poids nécessité, sous les sourcils broussailleux plus qu’étonné du marchand. De retour à la maison, musique à fond, il bricole dans un coin du salon son papognonier et satisfait y lâche les 5 Papognonnes qui se posent sur les pétunias avec grand intérêt.

Tout était étrange, nouveau, mais cela lui plaisait. Aussi il s’en roula un autre et retourna s’affaler sur la terrasse dans le canapé défoncé sous les abeilles, qui se révélaient toujours être un passe-temps incroyable, juste à les regarder aller et venir. Il ne put s’empêcher de remarquer une activité accrue dans la colonie et des va et vient incessant vers son Frhîque. Non que la chose lui déplaise, mais c’était le sien, tout neuf et tout nouveau, et il se demandait ce qui allait en découler du point de vue abeillologique. La journée passa, mollement comme si la lumière du soleil était devenue plus épaisse et plus lourde et qu’elle ne voulait pas s’en aller, et le jeune homme resta dans son canapé, à bouquiner et rêvasser sans pouvoir s’empêcher de regarder son Frhîque s’épanouir et non pas fondre comme neige au soleil.

Le lendemain matin l’humain bondit du lit à 7h09, frais et dispo à endurer une nouvelle journée, et qu’elle fut sa surprise en découvrant que l’arbre avait encore grandit !

-« Ça c’est du bon terreau, hein mon pote ? En tout cas tu aimes, c’est sûr, et moi je t’aime déjà à la folie. » Mmmmmmouah fait sa bouche alors qu’il dépose un baiser sur l’écorce grise et un poil rugueuse.

Au-dessus du canapé, la colonie d’abeille est déjà en activité, et ce une heure plus tôt que d’habitude. Le jeune homme ne s’en rend pas compte, mais son Frhîque est en train de bouleverser les abeilles, et d’autant plus la reine qui a fait elle-même un vol de déplacement hier suite aux trépignations de ses ouvrières surexcitées. Aujourd’hui il va y avoir du chamboulement dans la ruche, mais d’abord :

-Alors la récolteu…deux, quatre, six, etc…oula c’est bon çà, 74 balles ! Bon, et pis faut que j’moccupe de ce taf bidon. Aloreuh qu’esse que je vais bien pouvoir leur raconter ? Je sais, j’y vais plus, abandon de poste, mais faut que je les appels. 8h52, nan y dorment encore, j’attends midi moins le quart.

-Restaurant-la-Galinette-cendrée-Gertrude-pour-vous-servir-bonjour-que-puis-je-pour-vous ? Annonce-t-elle d’une voix monotone empreint d’un amour profond pour le merveilleux travail de réceptionniste dans ce restaurant de grande renommée.

-Salut Gégé c’est bibi à l’appareil, t’as la pêche aujourd’hui, cool !

-Salut-bibi-que-puis-je-faire-pour-toi-merci-bonjour ?

-Je t’appel juste pour te dire que je fais un abandon de poste.

-… ?

-Ben ouais, j’ai trouvé mieux, et puis j’voulais changer. Allez, à plus dans l’bus ! Clak.

-…hummm.Clak

-Aaaah, voilà une bonne chose de faite, maintenant je vais enfin pouvoir faire ce dont j’ai envie. Rando ou vélo ? Bon, déjà dodo et on verra plus tard.

Sur le chemin dégagé bordé de slips, chaussettes sales, t-shirt propre et chaussures diverses et variées qui mène à l’antre de son lit, antre car toujours volets fermés, il passe voir ses Papognonnes. Ces dernières sont aujourd’hui sur les Lys qui se sont ouvert et dégage leur enivrant parfum. Elles vont bien, et leurs ailes commencent à se colorer, un bon signe çà !

Pendant ce temps dans la ruche, il y a du grabuge. La reine, ayant sous ses yeux à facettes une pièce subtilisée au Frhîque sans qu’elle soit tombée au sol, est en train de pondre une nouvelle génération d’ouvrières dont la tâche sera très spécifique. Bzz Bzz Bzz ricane la reine dans son dialecte bzebzotant.

Le jeune homme, dans un souci de perfection pour ses créatures délicates, et par souci de leur pourvoir une vie aussi relaxante et dénuée de tout problème comme celle qui se profile pour lui-même, décide d’installer, de son papognonier au mur extérieur en placo donnant sur le jardin, un tube de plexiglas, et fabrique toute une série de papognonière (on en fait bien pour les chats et les petits chiens) en gaze très léger afin que ses hôtes de marque se sentent encore plus libre dans leur mouvements.

L’arbre a encore un peu grandit, enfin, il s’est épaissit et produit plus de fleurs, au grand bonheur de l’humain et des abeilles. Et une autre journée passe, après une récolte de 124euros et une bonne rando. La vie s’enchaine ainsi durant un mois, jusqu’au matin où les Papognonnes meure après s’être honnêtement transformées en billets de 10, et dans le papognonier c’est une explosion de vie. Des centaines de Papognons et de Papognonnes viennent de naître et voltigent dans tous les sens. On peut déjà voir la valeur sur leurs ailes, et cela représente un sacré gros paquet. En tout cas, les billets étant vivant et encore 13 fois plus petits que la normale, il leur faut encore du temps de maturité.

Non, ce qui nous intéresse, c’est ce que fabrique les abeilles, et c’est ce matin-là que le jeune homme va le découvrir avec un étonnement incroyablement incroyable. De par sa nature routinière, l’Homo Sapiens aime répéter les actes qu’il juge utile, important voir constructif, tous les jours dans un ordre sensiblement identique, surtout le matin. Et le nôtre, celui qui nous intéresse, en est à la tasse de thé.

Rituel consistant à : Après avoir trainé des pieds en baillant du lit jusqu’aux toilettes puis des toilettes jusqu’à la cuisine, remplir la bouilloire électrique, appuyer sur le bouton ON, saisir sa tasse préférée dans l’égouttoir où elle n’a d’ailleurs pas sa place car jamais elle n’est savonnée, tout juste passée à l’eau, et encore. La poser sur le coin de la table anse orientée de façon à s’en saisir de la main gauche pour pouvoir touiller avec la droite les 2 cuillères de miel toutes fleurs qui traine sur la table, où le pot laisse de jolis rond bien collant qui plaisent aux mouches et à la poussière, avant d’y introduire un sachet de tisane Grand Sud Réglisse/Menthe, de faire un tour avec la ficelle autour de la anse pour que, lors du versement du liquide, la ficelle et le petit carton ne se téléportent pas au fond du bouillant breuvage. Poc, le bouton saute, l’eau glougloute encore, et un sourire d’auto satisfaction étire ses lèvres. Il verse. Il hume comme tous les matins les senteurs qui émanent, soupir d’aise et, trainant des pieds chaussés de chaussettes archi sèches et surtout super trouées, se dirige vers le canapé défoncé. Il plie les genoux, penche les fesses en arrière tel le skieur parisiens lors d’un schuss et s’y laisse choir :

-Aaaaaaaaaaaahhhh.

Expression onomatopédiquement parlant résumant à elle seule toute une gamme et groupe de mots, de noms communs et d’adjectifs qualificatifs maldetête au subjonctif présent, de COI, COD CDI ou CDD, exprimant à quel point on est bien, ou que ça fait du bien.

-Mmmmmm.

Pareil que précédemment dans le sens de bon. En l’occurrence 6 lettres résument : ça sent super bon, ça a l’air super bon, ça c’est bon !, c’est pile ce qu’il me faut, encore une journée qui s’annonce bien et, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire aujourd’hui ?. Les gens pensent trop peu à la force additionnée de la même lettre, c’est pourtant très pratique et résume souvent mieux les choses qu’un interminable discours.

La journée est ensoleillée, de rare cirrus s’effilochent loin tout là-haut, rien de bien inquiétant, le Frhîque se porte à merveille et agite ses feuilles ronde qui bruissent en faisant le son de la pluie, rappelant un peu celui des Peupliers. Le vron-vron des abeilles est normal, quoiqu’un peu plus grave que d’habitude. L’humain lève le nez de sa douce boisson et ses yeux tombent sur une abeille. Petite, rayée noire et ocre, les pattes arrière couvertes de pollen, une récolteuse, normal. Les abeilles semblent avoir plusieurs directions d’où elles vont chercher le nectar, normal. Mais d’un coup, un ZOOONNNN bien plus grave résonne le long de la gouttière.

-Mmm ?

Idem, mais on notera ici le questionnement : Qu’est-ce que c’est ? C’est étrange, ça vient vraiment d’où je pense ? Bon ça vient ou quoi ?

Et là sort une abeille 15 fois plus grosse que les autres avec toute une batterie d’aile supplémentaire et un abdomen démesurément long vers le bas. La tasse de tisane, l’envie d’aller aux W.C et le coude qui gratte passent instantanément dans le gouffre sans fin que chaque humain possède, celui où tombent les idées fulgurantes, les trucs à NE SURTOUT PAS oublier et l’endroit où on a bien pu foutre la liste des courses, où on a posé le trousseau de clef pesant 2kg avec 8 portes clefs colorés et une tour eiffel, gouffre dont rien, je dis bien rien ne refait surface avant au moins une heure, laps de temps dans lequel tout être humain normalement constitué lâche l’affaire après avoir retourné la baraque en jurant pendant 10min avant, l’heure passée, de se frapper le front avec la main :Mais oui bon sang ! Quand l’éclair de génie arrive, trop tard dans 99% des cas.

Notre humain se lève donc, débraillé, et suit l’abeille dont le vol ferait passer un bourdon pour le sifflement agaçant d’un moustique dans l’oreille la nuit. Quant à la faculté de téléportation de ce dernier dès que la lumière s’allume, c’est un des plus grands mystères auquel les chercheurs ne trouvent pas d’équation ni d’explication rationnelle. Elle se dirige (l’abeille) droit sur le Frhîque, aucune hésitation, elle est décidée et a, semble-t-il, déjà choisi une cible. Deux petites abeilles la suive, et vous allez comprendre pourquoi :

La grosse abeille approche en vol lent et ralentit jusqu’à devenir presque stationnaire juste devant une pièce. Elle avance d’un millimètre et le tranchant arrondi de la pièce entre par-fai-teu-ment dans son abdomen étroit. Les deux petites abeilles poussent alors la pièce qui roule et se cale dans l’abdomen de la plus grosse. Celle-ci quitte alors son vol stationnaire et prend le chemin de la ruche. Le jeune homme, ébahit, ne s’aperçoit pas du filet de bave qui coule de sa bouche grande ouverte sur sa chaussette gauche sale et gâchée, avant de lâcher un :

-Aaaaaah !!

Ici qui démontre un éclair de compréhension résumant : A ben voilà pourquoi la récolte est figée à 124 euros ! Voilà à quoi elles passaient tout leur temps à voler vers son Frhîque: pour y faire des mesures ! Et c’est donc à ça qu’elles emploient leur temps ! Oulala non de non z’allez voir un peu !

Il coure, sa chaussette glisse sur le lino propulsant un petit orteil droit dans l’angle bien carré de la plinthe alliant cuisine et salon, sautille sur l’autre pied en jurant, glisse de l’autre chaussette et s’étale de tout son long, son nez tombant sur la chaussette célibataire du meuble TV, qu’il empoigne de rage et lance de toutes ses forces dans les airs. Elle tourne, un 540° avec un triple Axel parfaitement exécuté (elle a vu ça à la télé), a même le temps de faire une courbette pour son public d’acarien fermement accroché, avant d’atterrir sur le lino et de glisser sous la commode où elle pense: ah ben enfin à la maison.

Entre temps, écumant de rage il s’empare du rouleau de PQ et de la vieille poêle cabossée, ainsi qu’un briquet gris avec 2 yeux et des moustaches :

-J’vais vous z’enfumer, c’est mon Frhîque, et tout ce qui y pousse m’appartient ! C’est les extra-terrestre qui m’ont envoyé ça, si vous voulez un truc cool z’avez qu’à fumer !

L’énergumène empoigne une chaise et la met sous le nid d’abeilles qui, à sa plus grande surprise, a totalement changé de forme, passant de celui d’un vieux malabar à la banane collé sur un banc durant une éon en plein cagnard, à une forme cubique respectant les lois de Pythagore, et il y a deux entrées de service : une normale, orifice légèrement arrondie et une bizarre qui lui rappel vaguement quelque chose de passablement désagréable :

-Mmmph !

Le mécontentement, la résignation et la vérité qui fait mal, ainsi qu’un soupçon de mépris :

-Putain, elles ont copiées le parcmètre de la rue, sauf qu’elles l’ont même amélioré, puisqu’il y a visiblement la forme du corps et des ailes. Ah ben de dieu ! Font pas les choses à moitié celles-là ! Et combien que y’en a des pièces, hein ? Que ça fait un mois que votre manège dure, que l’arbre eh ben y grossit mais que y’a toujours le même montant sur le gazon. ‘tendez une seconde.

Ayant vu ça à la télé, il enflamme le PQ dans la poêle, et s’en dégage immédiatement une horrible fumée bleue/noirâtre se dirigeant pour la moitié dans son visage et le faisant suffoquer, avant effectivement d’endormir les abeilles. N’ayant pas réfléchi à la manière d’ouvrir le nid sans l’abîmer ni le casser, il décide de le décrocher pour l’ouvrir délicatement sur la table de jardin armé d’un couteau à pain. Le bon sens néglige le couteau à pain, or c’est pourtant le seul couteau qui coupe vraiment dans bon nombre de foyers où on le laisse pioncer tranquille au fond du tiroir avec les couverts à salade, la presse purée, le rouleau de cellophane, l’ouvre-boîte à molette qui ne marche plus mais fait partie du même groupuscule que la poêle cabossée ainsi qu’un bon nombre d’autres ustensiles encombrant mais « nécessaire ». Il découpe donc le dessus et soulève délicatement le couvercle obtenu. Dessous, c’est honnêtement digne d’un scénario de science-fiction, car le nid est séparé en deux :

D’un côté nous avons les butineuses, récolteuses et les mielleuses dans un bordel magnifique et mignon tout plein, avec les alvéoles en hexagone régulier débordant de miel. D’ailleurs il y trempe un doigt, suce la goutte d’ambre liquide avec ravissement, et regarde l’autre moitié… Là c’est différent. Il y a juste derrière la trappe d’entrée une sorte de bureau auquel est assise une abeille, qui grave devant elle dans de la résine séchée, des chiffres sur ce qui doit être un registre. Puis une sorte de couloir biscornu fendu en son milieu sur lequel les abeilles encaisseuses du Frhîque peuvent marcher, leur abdomen portant la pièce dans la fente, couloir menant aux ateliers où nombre de ruineuses s’appliquent à mâcher avec soin les pièces, avant d’évacuer par leur abdomen une substance dorée scintillante que les banqueuses semble prélever avant de les porter dans la partie basse de la ruche, derrière une porte gardée par des coffreuses. L’humain s’empare d’un petit pâté sur le chemin du coffre, et le trouve étrangement dur. Il le mord, il y a un petit goût de miel, mais le morceau ne casse pas, et ses dents impriment une marque.

-« Pffffutain qu’esse-ce c’est c’truc là ? Ouala c’est taré comme truc. » Il réfléchit toujours perché sur sa chaise, une main sur la hanche et l’autre brandissant toujours la chose sous son nez. « Nan…ça s’peut quand même pas ?! ».

Illuminé, il referme le nid, l’entoure de ficelle de cuisine et le suspend tant bien que mal à sa gouttière. Il fonce dedans car dehors il aperçoit son vélo.

- !...eeeet merdeuh, ‘tain elles sont où les clefs du cadenas…

Il farfouille en pestant, retournant ainsi tout son intérieur et retrouvant, au passage du soulevage des coussins du canapé, Oh miracle, une chaussette célibataire. Il la lance vers la télé, car il se souvient d’y en avoir vu une la veille, retrouve les clefs en évidence sur la table basse et fonce chez le premier joaillier qu’il trouve.

Ce dernier étant passablement occupé à égrainer les secondes de son interminable bâillement, quand il le voit, en caleçon et en marcel sous un peignoir , la tête hirsute et chaussé de chaussettes usées jusqu’à la moelle, garer en hâte son vélo et pénétrer le peignoir ouvert qui plane derrière lui en claquant digne d’un film américain, et lui adresser un sourire joviale avant de :

-Bonjour, euh dites-moi, vous pourriez me dire ce que c’est ? demande-t-il en cherchant à extraire la petite boule qui s’est emmêlée aux fils et aux peluches qui hantent les fonds de toutes les poches du monde.

-Hum. Mais certainement Monsieur, je vais devoir laisser Monsieur patienter un instant le temps que j’analyse…euh, cette chose, aussi, si Monsieur veut bien s’asseoir pour l’attente sur une de ces superbes chaises Napoléoniennes du XVIIe…

-Ah ouais non merci c’est cool, mais j’saute juste du plumard, j’peux attendre debout.

-Comme voudra Monsieur. Veuillez m’excuser.

Le joaillier s’en va dans l’arrière de sa boutique, farfouille, trifouille et reviens quelques minutes plus tard :

-Hum hum.

-Ah ! Alors ? Au fait sympa le poster, c’est qui, La Fontaine ?

-Euh non, il s’agit d’un autoportrait original de Renoir datant de 1647, Monsieur. Puis-je demander, si bien entendu c’est possible, où Monsieur a-t-il trouvé cette pépite ?

-Hein ? Quoi ? Vous avez dit pépite ?

-Oui Monsieur, il s’agit là d’une pépite d’or d’une incroyable pureté, jamais je n’ai vu les grains briller avec autant de chaleur ni d’éclat, quant à la manière dont le tout est agencé, je ne trouve tout simplement pas les mots pour décrire une telle beauté, que dis-je, une telle merveille.

-Euh ben c’est assez délicat à expliquer, je crois que je vais garder les détails pour moi. Mais euh, ça vous intéresse ?

-Si ça m’intéresse ?! Grands dieux, oui ! Un or comme celui-ci n’existe tout simplement pas sur le marché.

-Mmm, donc ça vaut cher c’est ça ?

-Certes oui, le cours de l’or est de 100$ par gramme, et ce pour une excellente qualité car, voyez-vous, l’or pur ne se vend pas, il n’est pas possible d’en faire des bijoux, trop terne, trop malléable et un peu trop rosâtre au goût des clientes et clients fortunés. Il faut donc le couper à divers types de métaux.

-Et celui-là ?

-Celui-ci présente un agencement incroyable, il est dur et il est possible d’en faire des bijoux sans avoir recours à un alliage. C’est une merveille.

-Ok, donc ça vaut dix fois le prix quoi.

-En gros, moui, sauf que personne ne vous l’achètera ce prix-là sans devoir déclarer aux chambres du commerces et des joailliers, ni sans poser des questions dont les réponses doivent être exactes, si vous me suivez.

-Ouais ouais, très bien. Donc si je vous en ramène encore un peu, vous me l’acheter 700 le gramme sans questions et tout le monde est content.

-Content et surtout gagnant.

-Eh ben écoutez, Monsieur … ?

-Monsieur Châssieur De-Beauregard, et avec qui ai-je donc l’honneur d’avoir le plaisir de parler affaire ?

-Vous n’avez qu’à m’appeler Bibi comme tout le monde, se sera plus discret si ça vous va.

-Mais c’est parfait. Mais…hum…

-Oui ?

-Quand pouvez-vous en amener d’autres ?

-Donnez-moi un mois le temps de m’organiser, et je vous en ramène beaucoup.

-Ah, c’est-à-dire que j’aurai souhaité en avoir encore quelques grammes pour pouvoir travailler, afin de réunir l’argent nécessaire pour vous acheter le reste.

-Ok ça roule. Combien ça pèse une pépite comme celle-ci ?

-1,35479g Monsieur.

-Ouais bon, je vous en ramène 4, ça va ?

-Ce sera parfait.

-Très bien, à cette après-midi.

-Merci Monsieur et à cette après-midi.

Les deux parties n’en reviennent pas :

-Putain ça vaut un max de OUF !!! Pense l’un.

-Non de dieu il sort d’où cet or ? Ca me rappelle les histoires à mémé sur l’or des fées, en tout cas l’argent ne sera plus un problème dorénavant, pense le second.

Les abeilles émergent tout juste, mais le jeune homme a le temps de ré-enlever le nid, de l’ouvrir et de prendre 4 pépites, sur la dizaine qui reposent dans le coffre. L’après-midi arrive, l’échange a lieu avec force de poignées de main et de sourires ravis.

De retour sur son canapé, il s’exclame :

-Et ben dis donc, je pensais pas que le Frhîque allait vous mabouler comme ça les choupettes. Mais en tout cas, pouvez y aller sur le Frhîque, y’a zéro problème tant que vous m’en laissez suffisamment pour le quotidien.

Il construisit dans la journée 2 ruches en bois qu’il accrocha au mur sous le toit pour les abriter de la pluie, et dès le lendemain la colonie avait commencé à déménager son entreprise et ses bureaux dans les nouveaux locaux sans rien emporter d’autre que la reine vautrée sur un lit, une boite d’allumettes rembourrée de coton.

L’humain décrocha le vieux nid, en ôta le miel qu’il mit en bocaux, fit de la compote étrange plus proche du goudron que de la mélasse avec les restes d’alvéoles, quant aux pépites d’or, ma foi, il les jugea plus en sécurité avec les abeilles, aussi les glissa-t-il dans la fente, ou un Bzz Bzz reçu chacune d’elle.

Le Frhîque avait grandi et s’était épanouit, donnant une recette coquette de 536 euros par jour (net d’impôts, de franchises et autres arnaques du genre), qu’il fallait partager avec les abeilles sous peine de se faire harceler sans relâche tout le reste de la journée.

Les Papognons quant à eux s’en tiraient à merveille, et à force de butiner les fleurs de leur gîte, quelques modifications s’observaient sur les feuillages, qui commençaient à devenir carré et de différente couleur, avec des lettres étranges tel que $ ou £ en légères tâches plus foncées, rien d’alarmant dans tout cela. Tous les mois les Papognons et Papognonnes laissaient place à une nouvelle génération, et ils finirent même par entreprendre de mourir les uns sur les autres par valeur et par ordre croissant, offrant les matins du 9 de chaque mois des petites piles de 5, 10, 20, 50, 100, quelques 200 et même, plus rare, des 500 euros.

Notre Homo Sapiens entreprit la conquête vaste et imprévisible de devenir propriétaire des maisons du voisinage qui étrangement se vendaient petit à petit suite à des crises d’hallucinations toutes orientées vers les abeilles, certains disant en avoir vu une attendre la monnaie du parcmètre et ne prendre que les pièces de 2 euros, quelqu’un d’autre dit avoir vu plusieurs reprises des abeilles en forme de tirelire ouvrir son porte-monnaie et en inspecter le contenu à la Terrace du café Bertrand, quant à la boulangère elle croyait maintenant aux fées, aux lutins et aux trolls après avoir été forcée de donner une pièce de 2 euros à une abeille, quatre autres tenant des cure-dents près à lui crever les yeux et son mari, Monsieur Dumont qui s’occupait de la laverie automatique du square, s’était vu attaquer férocement tous les Mardi à 8h30 précises en allant vider les coffrets, et se faire raquetter de 10 euros par des abeilles difformes. Une jeune maman avait cru bon d’évoquer un jour les billets de banques flambant neuf qui voletaient dans tout le quartier, mais elle s’était vite tue sous la foudre des regards environnant :

-Il y a des choses dont on ne parle pas !

Tout ce petit monde allait à merveille, et quand Bibi était contacté par un ami, il faisait toujours le déplacement et trouvait toujours une bonne raison pour ne recevoir personne chez lui. Son affaire avec le bijoutier allait bon train, les deux s’enrichissant proprement. Un soir il appela Mik pour lui demande s’il avait encore un peu d’herbe, car il souhaitait en racheter un peu. Machinalement il ramassa la chaussette de meuble télé et l’envoya par-dessus son épaule valdinguer, où elle atterrit sur le lino, glissa jusqu’au-dessous de la commode où :

-Tiens salut, ça va ?

-Ah tient, bonjour, oui merci.

-Au fait je suis noire et j’ai un petit trou au talon, et vous ?

-Oh moi je suis grise et j’ai le gros orteil qui sort…

-On fait la paire ?

-On fait la paire ?

Et pendant que sous la commode un couple se forme, dehors :

-« Aaaaaah, on est bien quand même. ». Il fume, exhale la fumée et, rêveur dit tout haut : « Ça serait quand même trop cool d’avoir des moteurs de bagnoles qui marchent à la pisse, descendre des bières pour refaire le plein et hop le tour est joué ! »

Il termine sa bière et son joint et, les ayant déposés sur la table se lève le temps d’une pause pipi contre le mur du voisin, un cône de lumière verte à paillettes apparait tandis qu’un grille-pain descend en tournoyant doucement, celui qui grille, tartine et étale le beurre et le miel en même temps avant d’aspirer les miettes dans son petit compartiment avec sac en papier. La résistance saute et un parchemin se fait éjecter et atterri sur l’épaule de l’humain. Il ouvre et lit :

-Amis Terriens, Bonsoir !

 

 

Fin

Histoire écrite les 4 et 5 Décembre 2016 à Jackson Bay dans le Pelorus Sound en Nouvelle-Zélande. Idée survenue en fumant sous les étoiles en Octobre, du fait que j’avais déjà imaginé et rêver, de par le passé, de planter une pièce pour qu’en sorte un arbre.

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